2 févr. 2016


Après une looongue période d'inactivité pour cause de révisions, de partiels etc...je reviens enfin avec une petite sélection de six livres et bandes-dessinées qui m'ont marquée, et que vous devriez selon moi absolument lire !


La mécanique du coeur / Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, de Mathias Malzieu :
J'ai eu énormément de mal à n'en choisir qu'un seul des deux. J'aurai peut-être une légère préférence pour le second si vraiment il n'en fallait choisir qu'un. Mais ce que j'aime finalement dans ces deux livres, c'est l'écriture de Mathias Malzieu. De celles que j'ai eu l'occasion de lire jusqu'ici, c'est celle que j'aime le plus au monde. Cet homme parle avec des images, en métaphores, ses phrases sont comme des poèmes à elles toutes seules. Il arrive avec ses tournures, à rendre l'ordinaire extraordinaire. Il fait de la magie avec les mots, et parvient à raconter des histoires extrêmement touchantes.

"Elle a des allures de mouette écrasée. Même ratatinée sur les pavés je la trouve émouvante."
La mécanique du coeur, c'est l'histoire de ce petit garçon qui naît le jour le plus froid du monde, avec un problème qu'une vieille dame parvient à guérir en remplaçant son coeur par une horloge. C'est l'histoire de ce petit bonhomme estropié, digne d'un personnage de Tim Burton. Mathias Malzieu parvient à nous raconter une histoire d'amour comme il aurait pu y en avoir des milliers, mais celle-ci sort des chemins tout tracés, en faisant pourtant échos à des sentiments bien réels.

"Tu viens d'avoir un grave accident du cœur. Tu vas avoir tendance à rapetisser sous le poids des choses, mais tu vas devoir grandir d'un coup, tu vas te claquer des scolioses de partout dans le corps et dans le cœur si tu ne te rééduques pas comme il faut, oui oui !"
Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, lui, s'attaque à un sujet plus lourd, un sujet qui fait mal. A travers ce livre, Mathias Malzieu nous parle de la mort, de celle de sa maman plus précisément. Et pourtant, l'histoire n'est pas glauque, si elle peut mettre mal à l'aise aux premières pages, l'écrivain a réussi à trouver les mots justes et on est vite transporté dans son univers, où le sujet est traité de façon tellement imagée qu'on se laisse happer par cet imaginaire où viennent se mêler au deuil des histoires de géant magique.

 Le petit prince, d'Antoine de Saint-Exupéry :
"Tu n'es encore pour moi, qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde."
C'est avec Les malheurs de Sophie, un des premiers "vrais" livres que j'ai lu enfant. En classe de première, alors que le livre se trouvait depuis, au fond de ma bibliothèque, notre professeur de français nous a demandé de le (re)lire. Et c'est la que je me suis rendue compte que ce livre n'était pas juste une histoire pour enfant. C'est une histoire que vous pouvez lire et relire à n'importe quel moment de votre vie, et que vous percevrez différemment. Là où vous voyiez à dix ans l'aventure de ce petit garçon amoureux d'une rose qui trouve les adultes ennuyeux et cherche en vain à rejoindre sa planète, vous verrez dix ans plus tard une réflexion critique sur le monde, qui était passée à des années lumière de votre esprit d'enfant. Mais ce, traité avec toujours autant de poésie. Et c'est je crois, ce qui a été mis en scène de façon plus évidente encore dans le film sorti cet été (que j'ai d'ailleurs aussi trouvé très beau).

L'élégance du hérisson, de Muriel Barbery :
"Le Palpaga est un genre de lama à la toison de laine très prisée et à la tête ornée d'une papaye." 
C'est l'histoire de trois personnages que les codes de la société voudraient que tout oppose, l'histoire d'une concierge, d'une gamine de la bourgeoisie Parisienne, et d'un Japonais très cultivé, qui pourtant vont sortir de tous les clichés qu'on pourrait avoir sur leurs personnes. Le livre est écrit sous forme d'un journal intime, alternant, chapitre après chapitre, entre la plume désillusionnée de Paloma (la petite fille) et celle inattendue et très drôle de Renée (la concierge). Cette alternance vient rythmer la lecture et nous permet de découvrir en profondeur les différents univers (finalement pas si éloignés) et histoires des personnages. L'élégance du hérisson est un livre à la fois touchant, mais surtout plein d'humour.

Coeur de pierre, texte de Séverine Gauthier, illustrations de Jérémie Almanza :
"Elle sourit à son père, à sa mère, aux docteurs, qui furent bien surpris en écoutant son coeur : les battements légers chantaient une chanson !"
Je suis tombée nez à nez avec cette bande dessinée par hasard dans une libraire de Lyon alors que je ne connaissais pas encore le travail de Jérémie Almanza. Et ça a été le coup de foudre. Si j'ai acheté cette BD c'était clairement pour les dessins, pour le coup de coeur graphique que je venais d'avoir avec l'univers d'Almanza (que vous pouvez aussi retrouver dans Eco). J'adore ses personnages biscornus, tout petits avec une énorme tête, et aux traits du visage extrêmement simples et pourtant caractéristiques. Sa manière de travailler la couleur, les traces laissées par l'aquarelle qui contribuent à la création de cet univers à la fois extrêmement sombre et poétique. Mais aussi le choix des couleurs en elles-même, et la façon dont elles disent le contraste entre la joie de vivre de la petite fille au cœur d'artichaut et la tristesse du petit garçon au cœur de pierre, avec cette espèce d'aura de lumière qui se dégage d'elle lorsqu'ils se retrouvent tous les deux confrontés. Enfin j'aime énormément ses décors, complètement irréels et tordus, et toujours pleins de petits détails qui viennent renforcer cette sensation (les petites créatures qui se cachent un peu partout dans les cases, les plantes...), même si parfois, la simple utilisation d'un lavis en fond sans aucune autre indication suffit par l'emploi des couleurs, à nous plonger dans une ambiance.
Le livre raconte donc la rencontre de ces deux petits personnages, avec très peu de mots, vous ne trouverez aucune bulle de dialogue dans cette bande-dessinée. Simplement, ça et là, quelques lignes, écrites sous forme de vers. Mais les dessins parlent tellement bien d'eux-même, que même sans cela ils suffiraient à raconter l'histoire.

Le bleu est une couleur chaude, de Julie Maroh :
C'est l'histoire de Clémentine, une ado comme les autres, qui un jour par hasard au milieu de la foule, croise une jeune femme aux cheveux bleus. Et là, tout se bouleverse.
Si La vie d'Adèle, son adaptation cinématographique est sujet à débat, la bande-dessinée n'a rien (ou du moins pas grand chose) à voir. En effet le film s'éloigne très vite de l'esprit, et même de l'histoire raconté par Julie Maroh. Si le film a du bon (oui oui, si on passe outre les scènes de sexe qui durent 15 minutes et vous feraient presque vous demander si vous êtes en train de regarder un porno, mais le sujet mériterait probablement un article à lui tout seul), il choisit d'exploiter l'histoire sous un angle totalement différent de l'originale. Ce que raconte Julie Maroh avec ses dessins noirs et blancs, qui viennent se teinter par touches, de ce bleu froid qui finit par devenir chaleureux, c'est une histoire d'acceptation. D'acceptation de soi, et de la façon dont cela influe sur notre vie. Une acceptation de soi, par soi-même, et par la société. Et contrairement au film, ce n'est pas raconté par un réalisateur hétéro qui semble s'être laissé dépasser par ses fantasmes, mais par quelqu'un qui par son vécu, a su rendre ça vrai et juste.

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